Les instants suspendus de nos vies…

Au cours du mois passé, et plus précisément depuis ce partage, j’ai reçu un grand nombre de messages (je ne vous dirai jamais assez merci ♥). Si la majorité m’a été envoyée publiquement (Instagram et commentaires sur le blog), certains m’ont été envoyés par e-mail, à l’abri des regards, ouvrant sur la possibilité de se livrer un peu plus, de s’étendre de manière plus intime.

Assez curieusement, lorsque cette ouverture s’est faite, le mouvement d’ouverture et de confidences venait de la personne m’écrivant (ce qui me touche toujours beaucoup – car se livrer à l’Autre est une des plus belles preuves de confiance). Certains me disaient avoir vécu quelque chose de similaire : que cette étape charnière de leur vie soit aussi une rupture, ou un déménagement, un changement de travail, un deuil aussi, d’autres fois. D’autres encore – et c’était la majorité – me disaient ressentir cette impulsion, cette volonté de changement en ce moment même… mais ne pas avoir la force de la lancer, ou ignorer comment l’amorcer.

Ces instants suspendus de nos vies.
Nous sommes si nombreux à l’avoir vécu, à le vivre…
Si nombreux qui devrons le vivre au cours de notre futur à venir.

Cet article, aujourd’hui, est un hommage à tous ces jolis mots reçus, toutes ces confidences que vous m’avez livrées, tous ces instants suspendus à venir, que nous vivrons, que nous vivons.

 

 


 

 

« Instant suspendu.
Entre notre vie présente, passée, déjà tissée.
Et un possible inconnu, où mille inconnues possibles peuvent (presque) être effleurées. »

 

Nous vivrons tous un instant suspendu au cours de notre vie (et nous vivons bien souvent plusieurs instants suspendus au cours de nos vies).
Une prise de conscience, soudaine ou latente, qui s’éveille, un inconfort, une intuition, une évolution nous amenant à ne plus être en adéquation avec certaines facettes de notre vie, personnelles ou professionnelles.
On aspire à changer de métier, épuisé et perdu dans notre travail.
On rêve de partir, loin d’ici, de s’abriter dans le calme d’une campagne si l’on est en ville, ou de gagner la pulsion infinie de vie urbaine si l’on est à la campagne. On aspire à partir à l’autre bout de la planète, ou dans un pays-chéri pas si loin : peu importe, du moment que l’on quitte ce pays-ci, qu’il soit le nôtre, ou celui qui nous a accueillis suite à une mutation professionnelle ou celle de notre conjoint(e).
On se sent étouffé, écorché vif de cette relation qui ne nous ressemble plus, qui ne nous lie plus, nous retranche dans des traits qui ne sont plus nous. On culpabilise. De ne pas avoir le courage de partir, de ne pas être «assez» ou «trop» pour l’Autre. On s’oublie, on s’efface, on s’est perdu. On culpabilise de ne pas avoir l’énergie, les ressources pour rester et harmoniser, recoudre ce lien, qu’on veuille rester par confort, peur, ou parce qu’il y a des enfants, nos enfants, qui sont entre nous.
Peut-être même, n’a-t-on pas eu le choix. Peut-être que l’on s’est fait licencier, que notre rêve de reconversion ne se concrétise pas malgré nos efforts, que l’on a été expulsé (ou que l’on est forcé de partir), que l’Autre, celui / celle que l’on aimait est parti, nous brisant au passage. Et ensuite… que faire, où allait, par quoi commencer, comment procéder pour ne pas sortir de ceci brisé ?

Tous ces instants suspendus, qu’on les veuille, qu’on les subisse, font naître en nous un sentiment similaire. Celui d’être perdu.
Tous ces possibles rêvés, seront-ils mieux que notre vie présente ?
Toutes ces inconnues souhaitées, sont-elles seulement réalisables ?

 


 

Dans cet instant suspendu, ce qui importe est d’aller à la rencontre de nous-mêmes.
Le résultat, l’issue, importe, il est certain, mais pas autant que ce rendez-vous si important que nous avons, ici et maintenant, avec nous.

Dans cet instant suspendu, ce qui importe est de faire la part des choses entre ce qui nous retient et que l’on pense nous appartient, mais qui en réalité ne nous appartiennent nullement, ne fait pas parti de notre véritable essence.
Peut-être ces freins appartiennent à l’inconscient collectif (poids de la société, regard des Autres, ce qu’on nous a inculqué), peut-être est-ce un blocage émotionnel (sentiment d’être responsable, culpabilité, estime de soi, confiance en soi, etc.).
Beaucoup de nœuds, de ralentissements dans le processus de réalisation de Soi viennent de là.
Alors, petit à petit, remonter le lien, ces attaches entravantes.
Tout d’abord, ne rien faire d’autre que les reconnaitre.
Accepter leur présence, leur réalité. Les regarder, simplement, sans jugement.
Puis, les reconnaitre pour ce qu’elles sont : des leçons de vie, rien de plus.
Des nuages gris à transmuter en graines de croissance.
Des enseignements nous demandant d’apprendre à s’en détacher pour mieux nous réaliser.

Et, peut-être, qu’en faisant face à nos propres blocages, blessures, et en plongeant dans cette reconnaissance pesante de l’inconscient collectif, nous nous rendrons compte que nous n’avons pas la force d’agir. Il ne faut alors pas culpabiliser de rester là où l’on est. Acceptons, que ce que l’on pense être bon pour nous n’est pas, aujourd’hui et maintenant, la solution ultime. Demain, peut-être, nous effleurons, nous plongerons dans notre solution parfaite. Aujourd’hui, ou dans une autre vie. Le temps n’a pas d’importance. Seul le chemin compte. Et, cette concrétisation de Soi est assurée. Promesse de Fée.

Alors, bien sûr, il existe certains critères qui peuvent rendre plus délicat la concrétisation une impulsion souhaitée : si l’on est en couple, si l’on est marié, si l’on a des biens communs, si l’on a des petits bouts à notre charge, ou que l’on dépend matériellement d’une personne (conjoint, parent, etc.), que l’on est malade, interdit bancaire, incarcéré, etc.
Au-delà de l’inconnu, du poids de la société, il y a des réalités auxquelles on doit se confronter.
Leur présence pourra rendre plus difficile la matérialisation de nos aspirations imaginées.
Mais, plus difficile n’a jamais été synonyme d’impossible.

 

« Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait. »

 

Je pense aussi à ces femmes, ces hommes qui «ont tout pour être heureux» dans leur vie, mais ne sont pas heureux. J’en ai rencontré. Que ce soit à travers mes accompagnements (lien), et j’ai même des amies concernées, en ce moment même.
Ces personnes ne doivent pas culpabiliser, ou se juger trop durement, ni même songer qu’elles ont quelque chose d’anormal. Tout simplement, car derrière les mots «avoir tout pour être heureux», se cache, l’injonction que la société a formée dans notre inconscient, se concrétisant par des petites cases à cocher pour accéder au «bonheur».
Le bonheur ne se trouve pas dans une jolie maison, une bague au doigt, un bébé, le sien, dans nos bras, des vacances à la mer, un CDI super chouette, ou un compte bancaire sécurisant.
Il existe autant de bonheurs possibles à dessiner que de personnes sur terre.
Dessinons. Notre vie. Ses contours, ses limites, ses couleurs. Faisons-les changer au gré de notre évolution.
On veillera, simplement, lorsque ces changements nous amènent à délier un lien (famille, amis, compagnon/compagne, enfants, collègues, etc.) à le faire avec le plus de respect, d’amour, de bienveillance, et d’honnêteté possible.
Nous sommes libres de faire, d’agir, de concrétiser, d’amorcer les étapes que l’on estime nécessaires pour matérialiser cet instant suspendu, faire le grand saut vers l’inconnu. Faisons-le avec douceur, simplement, si d’Autres y sont mêlés.
Ne pas oublier – et l’accepter – que même en agissant ainsi, il demeure un risque. Que l’Autre ne comprenne pas, soit blessé. Cela fait partie du processus, de ces instants suspendus. Ne pas contrôler chaque détail. Cela fait parti du processus, d’accepter les risques, d’accepter de ne pas être responsables de la manière dont l’Autre, les Autres, en face  réceptionne nos instants suspendus qui ne le sont plus réellement lorsque l’impulsion, notre impulsion a été donnée.

 

« The problem is not the problem,
The problem is your attitude about the problem. »

 

Nos instants suspendus sont un appel d’une partie de nous-mêmes.
Un message venu du plus profond de notre cœur, de notre âme, nous offrant de nouveaux horizons. Ou, peut-être, simplement dans un premier temps, la conscientisation de certains nuages présents. Des nuages magiques, fantastiques, qui ont le pouvoir d’être transmutés, pour faire pleuvoir des graines de croissance au creux de nos mains.
À travers nos instants suspendus, ce qui importe est d’être plus en phase avec soi-même.
Et, parfois, une «petite mort» est nécessaire.
Il ne faut jamais avoir peur des petites morts, des automnes de nos vies.
Délaissons les branches dénudées pour reporter notre attention sur les feuilles dorées se transformant en humus, nourriture de notre Demain, de notre (re)naissance.

 

 

 

 

✤ ✤ ✤

Que ces mots puissent rendre vos instants suspendus un peu plus doux

 

D’autres chouettes articles à (re)découvrir :

Conseils bonheur n°1 : Grandir, évoluer
Naturel et gris de nos vies
Notre extraordinaire trésor
Les livres qui ont changé ma vie

 

Tags : Catégories : ,

Je souhaite recevoir ta Newsletter

Vous aimerez peut-être

10 commentaires

  1. Marie Kléber

    Que c’est beau Mély, plein de cette douceur qui te caractérise. Oui ces instants sont l’occasion de nous recentrer sur nous, d’aller voir ce qui se passe à l’intérieur. Nous nous devons de les accueillir comme une chance, même si souvent nous nous sentons vulnérables et perdus face à ces évènements qui viennent remettre en question nos vies, nos destins.
    Merci pour ces mots, poétiques et sages. En ce moment il me faut moi aussi revenir à moi, reprendre contact, accepter l’impermanence de la vie, et tous ces instants suspendus que tu décris si bien.

    Merci de tout coeur et belle continuation à toi. Je te garde dans mes pensées pour ce nouveau chemin que tu traces…

    Affectueusement.

    jeudi 2, novembre 2017 à 11h30
  2. Manuela

    « On veillera, simplement, lorsque ces changements nous amènent à délier un lien (famille, amis, compagnon/compagne, enfants, collègues, etc.) à le faire avec le plus de respect, d’amour, de bienveillance, et d’honnêteté possible.
    Nous sommes libres de faire, d’agir, de concrétiser, d’amorcer les étapes que l’on estime nécessaires pour matérialiser cet instant suspendu, faire le grand saut vers l’inconnu. Faisons-le avec douceur, simplement, si d’Autres y sont mêlés.
    Ne pas oublier – et l’accepter – que même en agissant ainsi, il demeure un risque. Que l’Autre ne comprenne pas, soit blessé. Cela fait partie du processus, de ces instants suspendus. Ne pas contrôler chaque détail. Cela fait parti du processus, d’accepter les risques, d’accepter de ne pas être responsables de la manière dont l’Autre, les Autres, en face réceptionne nos instants suspendus qui ne le sont plus réellement lorsque l’impulsion, notre impulsion a été donnée »

    Tu as tout dit.
    Je viens de sortir il y a quelques mois d’un instant suspendu. Qui a été si long et si douloureux. Une situation où 2 êtres qui s’aiment ont mal. Ou le « j’ai tout pour être heureux » était OMNIPRESENT. Culpabiliser, se dire « qu’est ce qui ne va pas chez moi ? » , ne pas comprendre, pleurer, douter.
    L’étape du lâcher-prise est si compliqué à venir.
    Ce fut difficile, mais je suis reconnaissante, car cet instant suspendu est à jamais marqué dans le livre de ma vie.
    J’espère juste que le prochain est loin.

    <3

    jeudi 2, novembre 2017 à 13h35
  3. Zest of Joy

    Merci Mély pour ce texte si touchant et qui me parle particulièrement dans cette période de ma vie.
    Je suis également en train de traverser une phase de transition qui n’est pas toujours facile à appréhender. Des instants suspendus comme tu le dis si bien…
    Je suis en plein dans l’étude des Fleurs de Bach en ce moment, et je pense donc naturellement à Walnut (le noyer) qui fait partie de la composition qui m’accompagne en ce moment pour faire face à cette transition nécessaire à mon évolution.
    La vie est une succession de changements, de détachements et de nouvelles rencontres, de portes qui s’ouvrent et se ferment… Le plus important n’étant pas les événements en eux-mêmes mais notre façon de les regarder, de les vivre et de les ressentir…

    jeudi 2, novembre 2017 à 15h13
    1. Mély

      @ Joy : Jolie ♥
      Tu es une des nombreuses qui m’a donnée l’impulsion d’écrire cet article, suite à ton e-mail… merci à toi, donc, d’avoir participé à le faire naître ✩

      vendredi 3, novembre 2017 à 4h12
  4. Aurélie

    Oh ces instants suspendus comme ils me semblent inconfortables ! Toutes ces limites qui flottent et ces possibles qui se présentent.
    Ils se sont faits plus présents lorsque j’ai traversé deux deuils, je m’étais nécessairement tournée vers une vie simple et bienveillante pour ménager mes forces.
    J’ai alors appris à les accueillir et à les laisser venir à moi pour les écouter au lieu de les fuir. Et ça fait un bien fou.
    On ne parle souvent que d’action dans le monde alors que rester immobile et recevoir est aussi important. S’abandonner, on en revient toujours à cela.
    Merci pour ces mots si doux Mély

    jeudi 2, novembre 2017 à 17h42
  5. rodrigo

    « des nuages gris à transmuter en graines de croissance » et
    « une petite mort est nécessaire » …
    ces mots me frappent … et posent le doigt sur mes ressentis du moment …
    toi seule à cette capacité énorme douce Mely de savoir poser les bons mots sur nos maux …
    merci Mely d’être là

    jeudi 2, novembre 2017 à 18h27
  6. Adeline

    C’est super jolis , de toute façon comme on dit on ne vit qu’une fois alors c’est maintenant qu’il faut faire ce que l’on à envie de faire car après sans savoir comment l’ont va vieillir , les imprévus de la vie , c’est maintenant qu’il faut en profiter. Et puis ce sont toutes c’est expérience qui font que l’on voit la vie autrement.
    Gros bisous .
    Adeline

    vendredi 3, novembre 2017 à 8h37
  7. Clémentine

    Merci Mély. Des mots si justes, beaux et doux. Beaucoup de douceur pour toi également!

    vendredi 3, novembre 2017 à 21h52
  8. Ophélie

    Ces moments suspendus m’étouffent.
    Je ne les qualifierai pas vraiment de « moment » pour ma part, ou alors un très long moment. J’ai toujours eu la sensation de vivre « à coté de mes pompes », de ne pas être la ou je devrais être.
    Quand j’ai lu ton article j’ai pensé aux films « The Hours », le connais tu ? C’est un des films qui m’a le plus marqué et touché dans ma vie. Le personnage de Laura Brown tout particulièrement. Pourtant la première fois que j’ai vu ce film j’étais très jeune (peut être 14 ans), j’avais la sensation d’être très proche d’elle, de la connaître et surtout de la comprendre. Je ne veux pas te spoiler au cas ou tu souhaiterais le voir mais elle aussi ne se sentait pas à sa place dans sa vie et a du faire des choix, qui paraissent horribles aux yeux de beaucoup de monde, mais pas pour moi.
    J’aime ma vie, sincèrement, mais j’ai parfois l’impression de courir après quelque chose d’irréel et d’en demander trop.
    Des bisous Mély, tes articles résonnent (et raisonnent :) toujours en moi

    dimanche 5, novembre 2017 à 14h09
  9. Marionette

    Bonsoir Mély,
    Très bel et doux article que je découvre en ce dimanche soir cocon.
    J’ai l’impression de cet instant suspendu depuis…4 ans maintenant…ayant commencé plusieurs années avant par défaire un lien comme tu. A alors commencé ce merveilleux mais néanmoins chaotique chemin vers ma rencontre avec moi même, ma construction…c’est long, c’est compliqué, c’est exaltant, c’est décourageant, c’est émouvant….c’est tellement, tellement enrichissant et libérateur !
    Je n’ai encore aucune idée de la destination et n’en sais pas si je le saurais un jour, mais la route est passionnante….et je n’ai bien évidemment aucun regrets.
    Je te souhaite de réussir à préserver ton monde de douceur ans ce temps suspendu.
    Chaleureusement

    dimanche 5, novembre 2017 à 21h25

Laisser un commentaire

Recevoir un mail si Mély me répond ?

J’ai lu et accepte la politique de confidentialité.